Astérix : l’irréductible du cinéma français !

Les BD sur grands écrans 2/4

 

Avec 4 adaptations en prises de vues réelles, Astérix est la BD franco-belge qui a été la plus adaptée au cinéma. Retour sur 4 films aux allures de blockbusters gaulois.


Astérix du papier au cinéma

Il suffit de dire « Nous sommes en 50 avant J-C. Toute la Gaule est occupée par les romains…Toute ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur » pour que tout de suite une carte de la Gaule où se trouve un petit village ainsi que des camps romains l’entourant apparaissent à notre esprit, il suffit d’une phrase pour reconnaître immédiatement la bande dessinée Astérix à notre esprit. En 1959, Astérix apparaît pour la première fois dans le magazine français Pilote. L’œuvre est créée par le scénariste français René Goscinny et le dessinateur français Albert Uderzo. Très vite le succès de la BD grandit au point de devenir un véritable phénomène en France et en Europe à tel point que le premier satellite artificiel français lancé le 26 novembre 1965 porte le nom d’Astérix !   Quelques lignes ne suffisent pas pour analyser la richesse des albums des irréductibles gaulois. La BD est truffée de moments humoristiques, de références et d’analyse de la société française, de dessins somptueux et détaillés et d’histoires palpitantes.

Astérix et Obélix contre César

Face au grand succès de cette œuvre du 9e art, de nombreuses personnes ont voulu adapter, en vain, les aventures du petit gaulois en prise de vues réelles. Parmi eux, on peut citer Louis De Funès. Il souhaitait jouer le rôle d'Astérix (et d'après les rumeurs, Lino Ventura devait interpréter Obélix). Finalement, en 1999, le premier film Astérix débarque au cinéma avec Christian Clavier en Astérix et Gerard Depardieu en Obélix. Il est réalisé par Claude Zidi. Avec un budget 41 865 619,24 millions d’euros, ce film est, à l’époque, l’un des plus chers de l’histoire du cinéma français ! C’est d’autant plus un pari risqué car les adaptations de BD se font très rares à cette époque.

 

Finalement, le film obtient un très grand succès commercial. En effet, il se hisse premier du box-office français pour l'année 1999, avec près de 9 millions de spectateurs. Il début également la tradition des futures longs-métrages Astérix : une production, une distribution et une diffusion européenne. Effectivement, Astérix et Obélix contre César est un film franco-italo-allemand. On retrouve de nombreux acteurs de nationalités européennes comme l’italien Roberto Benigni dans le rôle du romain Détritus ou l’allemand Gottfried John dans le rôle de Jules César. Le film eut droit à une diffusion en Europe.

 

Voici le synopsis du film : « La Gaule en l'an 50 avant Jésus-Christ, est occupée par les Romains. Un seul village résiste, grâce à la potion magique, préparée par le druide Panoramix, qui rend ses habitants invincibles pendant plusieurs minutes. Parmi eux, nos héros Astérix et Obélix, ridiculisent n'importe quel assaillant. Au moment où César se prépare à envahir l'Angleterre, il apprend que ce village tient en échec ses troupes et refuse de payer l'impôt. ».

 

Premièrement, le long-métrage possède un scénario qui, selon moi, part dans tous les sens et perd en lisibilité. Claude Zidi a choisi une multitude d’albums (Astérix le Gaulois, La Zizanie, Astérix Gladiateur,….) puis il en a sélectionné certains éléments. Le tout donne un film peu lisible avec une multitude d’intrigues. L’humour du film manque souvent de finesse. Le long-métrage se veut une comédie d’action grand public. On note aussi l’absence de références, de parodies ou d’analyses sur la société contemporaine, caractéristiques de l’univers d’Astérix.

 

Par ailleurs, pour ce qui est de l’adaptation « visuelle » (décors, costumes, effets spéciaux), il faut saluer un vrai effort de la part de l’équipe du film. Les costumes ont un style réaliste et sont souvent loin des costumes colorés de la BD (on note par exemple le choix d’une veste en peau de bête pour Obélix ) . C’est un parti pris que les autres films Astérix ne reprendront pas (sans toutefois que tous virent dans l’effet « costumes de carnaval »). Pour ce qui est des décors, c’est les montagnes russes (ou plutôt gauloises ici). Les scènes au village sont tournées en studio, ce qui se ressent parfois lors du visionnage (l’effet « carton-pâte » est parfois visible en fonction du choix des lumières et surtout lors des scènes de nuit). Le camp romain ainsi que les décors naturels sont bien réalisés et bien mises en scène. Les scènes du cirque romain ont été tournées dans le studio Bavaria à Munich. Elles ont un aspect « sale » et oppressif. Ce qui colle aux émotions que doivent susciter ces scènes. (Astérix est en danger). Quant aux effets spéciaux, ils ont mal vieilli avec le temps mais à l’époque du film, le développement d’effets spéciaux numériques en France était à ses débuts.

 

Astérix et Obélix contre César est un film moyen qui parvient à transposer l’univers d’Astérix au cinéma non sans commettre de nombreuses maladresses.

Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre

Après le succès commercial du premier film, Claude Berri met en chantier une suite et propose à Alain Chabat, qui vient d’être salué par la critique et le public pour son film Didier, de réaliser un film Astérix. Cette fois-ci, se sera l’un des albums les plus cinématographiques de la franchise qui sera adaptée au cinéma : Astérix et Cléopâtre ( lui-même inspiré par le film  Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz). La tâche s’annonce encore plus pharaonique que le précédent film.  Le duo Clavier/Depardieu reviendra dans les deux rôles-titres. Jamel Debouzze interprétera Numérobis, Monica Bellucci jouera le rôle de Cléopâtre, Isabelle Nanty incarnera Itinéris, Alain Chabat interprétera Jules César et Gérard Darmon aura le rôle d’Amonbofis. Le budget du film est titanesque pour un film français : 50 300 000 millions d’euros. Le succès du film fut encore plus grand que le précédent : 14,5 millions d’entrées en France et 22,5 millions en Europe. Il est toujours aujourd’hui l’un des films français plus rentables de l’histoire (aujourd’hui à la 4e place du box-office français devant Avatar ! ).

 

Voici le synopsis : « Cléopâtre, la reine d'Égypte, décide, pour prouver à Jules César la grandeur de la civilisation égyptienne, de construire un palais en plein désert en l'espace de trois mois. Pour cela, elle fait appel à l'architecte Numérobis. Ce choix déplaît fortement à l'architecte royal, Amonbofis, jaloux de n'avoir pas été désigné pour mener à bien le projet. Numérobis, inquiet du délai extrêmement court dont il dispose, décide de se rendre en Gaule pour demander de l'aide à un vieil ami, le druide gaulois Panoramix, détenteur du secret de la potion magique, ainsi qu'à ses amis, Astérix et Obélix. Les trois Gaulois accompagnent Numérobis à Alexandrie où ils devront déjouer les manigances d'Amonbofis et des Romains, car si Numérobis ne termine pas à temps la construction du palais, il sera jeté aux crocodiles sacrés. »

 

Tout d’abord, contrairement au film précédent, ici l’intrigue se base sur un seul album et suit ce dernier dans le déroulement de l’histoire (au point de reprendre certaines bulles à la lettre près). Certains éléments ont été modifié ou accentué comme le rôle de Numérobis, il est plus présent dans le long-métrage. Cette dernière est plus simple à suivre et laisse de la place pour l’humour du film, le plus gros point positif du film. Le long-métrage alterne entre un humour propre à la BD et un humour typique de son époque que ce soit par des références à celle-ci (à la manière d’un Goscinny) ou par un humour proche des sketchs des émissions humoristiques de Canal + de l’époque (dont une partie du casting est issue). L’histoire est mise au second plan tout comme Astérix et Obélix qui font du tourisme en Egypte pendant une partie du film. C’est un point négatif car ils sont les personnages principaux de la BD mais cette balade touristique permet des moments d’humour très plaisant. Le film possède d’innombrables moments devenus cultes. L’adaptation visuelle est plus proche d’un côté cartoon que le précédant sans virer dans le ridicule (et colle plus à la BD que le premier film). Certains décors sont somptueux notamment la salle du trône de Cléopâtre ou le chantier du palais.

 

En conclusion, ce deuxième volet des aventures du petit gaulois est plus réussi que le premier film. Alain Chabat et son équipe parviennent à saisir à la fois le génie d’Uderzo ( dans les décors, les costumes, …) et le génie de Goscinny ( dans l’écriture notamment les moments humoristiques) tout en apportant leur vision et leur style.

Astérix aux Jeux Olympiques

Nouveau succès = nouvelle suite mise en chantier. C’est presque devenu une routine à ce stade pour l’univers d’Astérix. Claude Berri, sans informer Uderzo, annonce que la suite des aventures des irréductibles gaulois au cinéma sera en Hispanie (actuelle Espagne) avec Astérix en Hispanie avec la troupe du Splendid (Christian Clavier, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Michel Blanc, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel et Bruno Moynot) dans les rôles titres. Gérad Junot commence l’écriture d’un scénario et le révèle au grand public. Uderzo apprend alors l’existence du projet et refuse son aboutissement.

 

               Il faut attendre l’année 2008 (année des JO de Pékin) pour voir un nouveau film Astérix en prises de vues de réelles au cinéma et cette fois-ci il ira aux Jeux Olympiques en Grèce. Gérard Depardieu reprend son rôle d’Obélix, ce qui n’est pas le cas de Christian Clavier. Clovis Cornillac est choisi pour le remplacer.  Jules César sera interprété par Alain Delon et son fils, Brutus, par Benoit Poelvoorde. Le casting est très européen. La Princesse Irina sera interprétée par Vanessa Hessler, italo-américaine.  Luca Bizzarri dans le rôle de Alpha est italien. Michael Bully Herbig, acteur allemand, incarne Pasunmotdeplus. Santiago Segura interprète Docteurmabus. On note aussi la présence de célébrités sportives comme Michael Schumacher, Tony Parker ou Zinédine Zidane. Comme le deuxième volet, le budget du film est encore plus haut que le précédent : 78 millions d’euros. Il est réalisé par Frédéric Forestier et Thomas Langmann.

 

               Voici le synopsis : « Astérix et Obélix doivent remporter les Jeux olympiques pour permettre au jeune Gaulois Alafolix d'épouser la Princesse Irina et lutter contre le terrible Brutus qui veut, lui aussi, la main d'Irina. ».

 

               Ce qui saute aux yeux quand on regarde ce troisième opus de la franchise, c’est d’abord le très grand nombre de caméo de célébrités (étant acteurs ou non), qui défile à l’écran. Ils viennent s’ajouter aux personnages principaux joués par un casting fait d’acteurs célèbres. L’idée était, sans-doute, de réitérer le succès du précédent volet qui possédait lui aussi un casting conséquent. Sauf que là où ce dernier utilisé ce casting pour raconter une bonne histoire et faire de bonnes scènes comiques, ce long métrage ne fait soit que montrer ces célébrités avec souvent un nom terminant en « ix » (ce qui ne constitue pas une scène humoristique en soi) ou soit des scènes comiques peu inspirées. Là où dans Mission Cléopâtre, l’improvisation des acteurs avait permis des envolées hilarantes comme celle d’Edouard Baer sur la situation des scribes. Ici, on a le sentiment qu’elle est limitée. Par ailleurs, on notera qu’Alexandre Astier, qui joue Mordicus, a eu le droit d’écrire ses propres répliques (elles font d’ailleurs partie des rares moments drôles du film).

 

               Au niveau du scénario il est quasi inexistant, il est une excuse pour faire des moments comiques souvent peu inspirés. En revanche, on peut souligner la beauté des costumes et de certains décors qui retranscrivent bien l’univers visuel de la BD. Ce long métrage fut 6,8 millions d'entrées en France et 9,4 millions d'entrées hors de France, pour un total mondial de 16,2 millions d’entrées. L’accueil critique et public fut moindre comparé au volet précédant.

Astérix au service de sa majesté

Après le succès commercial, une suite fut mise en chantier.  Cette-fois-ci Astérix chez les Bretons et Astérix et les Normands seront adaptés par Laurent Tirard, réalisateur du Petit Nicolas. G.Depardieu reprend une nouvelle fois son rôle d’Obélix tandis que Otis devient Astérix…En effet Edouard Baer, qui a déjà joué Otis dans Mission Cléopâtre, interprète Astérix. Le film fait le choix de ne pas prendre d’acteurs anglais pour les rôles principaux au détriment d’un accent anglais joué par des Français. Valérie Lemercier joue, Catherine Deneuve Cordélia, la reine de Bretagne et Guillaume Gallienne Jolitorax. Fabrice Luchini interprète Jules César et Dany Boon Tetedepiaf, un Normand. Le budget est de 61 millions d’euros.

 

Voici le synopsis : « Vers 50 av. J.-C., Jules César lance une offensive contre la Bretagne et l’emporte facilement en attaquant, chaque jour, à dix-sept heures précises. La reine Cordelia se réfugie dans un petit village, assiégé par les Romains, avec tous les hommes libres de l’île. Voyant que la situation devient critique, elle envoie Jolitorax en Gaule, chercher un tonneau de potion magique, l’arme secrète » qui permet au village d’Astérix et Obélix de tenir face à l’armée romaine. »

 

               Avec un budget aussi conséquent, on pouvait s’attendre à des décors somptueux. Raté, le film est peu ambitieux et frôle, par moments, « l’effet carton-pâte », digne du Parc Astérix. Les costumes semblent parfois moins travaillés que sur les précédant opus. Bref, d’un point de vue de l’adaptation purement visuelle, le film souffre de nombreux défauts. En revanche, le scénario est plus travaillé que les précédents films. Sans non plus être exceptionnel, on ressent une volonté de rester fidèle au médium d’origine et les enjeux sont bien mises en avant malgré de grosses longueurs et des passages qui sont loin de l’esprit de la BD et certaines scènes d’humour qui s’éternisent. Le long métrage semble « plus sage », il y a moins de « paillettes » (nombreuses célébrités diverses et variées, immenses décors…) que dans le précédent opus. Le film attire moins le public que les précédents longs-métrages. Il réunit un peu moins de 4 millions d’entrées.

Le futur film en prises de vue réelles : Astérix L’empire du Milieu

En 2022, Astérix en prises de vues réelles fera son retour au cinéma avec cette-fois-ci Guillaume Canet en réalisateur, scénariste et en Astérix et Gilles Lellouche en Obélix. Le réalisateur a déjà dévoilé le casting XXL : Bigflo et Oli seront Abdelmalix et Toufix, Mcfly et Carlito seront Radius et Cubitus, Zlatan Ibrahimović sera Antivirus, Angèle interprétera Falbala, Marion Cotillard sera Cléopâtre, Vincent Cassel sera César,.. Le film sera basé sur une histoire originale, voici le synopsis : « Un chariot arrive au village d'Astérix et Obélix, transportant l'impératrice chinoise Fu Yi. Celle-ci est venue solliciter de l'aide après la prise de pouvoir d'un certain Deng Tsin Qin, qui a renversé la princesse. Apparemment, la renommée des irréductibles Gaulois est connue jusqu'à Shanghai... »

 

Prochain épisode : Gaston Lagaffe : un pari risqué

Texte : Tom

Photos : image issue du film Astérix et Obélix Mission Cléopâtre  et affiches des films

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