Désigné Coupable : l’enfer de Guantánamo (critique)

Le réalisateur Kevin MacDonald retrace l’histoire d’un homme incarcéré illégalement à Guantánamo, soupçonné d’être impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001. L’avis et la critique film de JTWORLDWEB.

Synopsis

Arrêté par le gouvernement américain, Mohamedou Ould Sladhi est détenu depuis des années à Guantánamo, sans inculpation ni jugement. Pour sortir de cette prison, à bout de forces, il se découvre deux alliées inattendues : l’avocate Nancy Hollander et son associée Teri Duncan. Les deux femmes vont faire face à l’imparable système au nom d’une justice équitable. Leur plaidoyer et les preuves découvertes par le lieutenant-colonel Stuart Couch finiront par démasquer un complot aussi grand que scandaleux. C’est l’incroyable histoire vraie d’un combat acharné pour les droits d’un homme.

Contexte

Il faut d’abord savoir que le camp de Guantánamo est un centre de détention militaire américain de haute sécurité situé sur l’île de Cuba. Après les attentats du 11 septembre 2001, le président américain Bush crée les commissions militaires de Guantánamo avec une juridiction d'exception. Sa situation géographique extraterritoriale, permet de s’émanciper du système judiciaire fédéral américain et prive ainsi les détenus de leurs droits fondamentaux.


Au début du film, Oussama Ben Laden est l’ennemi public numéro 1. Les États-Unis traquent et emprisonnent toutes les personnes impliquées, de près ou de loin, aux attentats.

Un état de droit ?

Depuis plusieurs siècles, les démocraties garantissent des droits fondamentaux gravés dans des textes fondateurs tels que leur Constitution ou encore la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Ces textes sont censés protéger les droits contre les abus de pouvoir potentiels. Cependant, des états peuvent passer outre sur ces vieux écrits. Comme, le gouvernement Bush qui n’a eu aucune hésitation à incarcérer puis torturer un homme sur de simples convictions.

Pas de jugement, pas de réelles preuves. C’est dans cette situation que, dans Désigné Coupable, l’avocate Nancy Hollander, interprétée par la parfaite Jodie Foster ayant reçu un Golden Globe de Meilleure actrice dans son second rôle pour sa prestation (Le Complexe du Castor, 2011 ; Panic Room, 2002 ; Le Silence des agneaux, 1991). Son but est de garantir un véritable procès au potentiel cerveau des attentats du 11 septembre, en usant de l’habeas corpus.

L’habeas corpus est une notion juridique énonçant la liberté de ne pas être emprisonné sans jugement. Ainsi, toute personne arrêtée a le droit de savoir pourquoi elle est arrêtée et de quoi elle est accusée. Elle eut être libérée sous caution, et ensuite amenée dans les jours qui suivent devant un juge.

Désigné Coupable est basé sur la préparation de la défense. L’état américain est quant à lui représenté par le lieutenant Stuart Couch, empruntant les traits de Benedict Cumberbatch (Doctor Strange, 2016 ; Avengers: Endgame, 2019 ; 1917, 2019).

Ainsi, à travers son long-métrage, le réalisateur britannique Kevin MacDonald, spécialiste des films documentaires et des biopics politiques, explore les conséquences durables de la méfiance américaine à la suite des tours jumelles.

Tahar Rahim : l'acteur principal parfait

Membre du jury du festival de Cannes 2021, salué par la critique pour son interprétation du tueur Charles Sobhraj, dans la série Le Serpent disponible sur Netflix, Tahar Rahim se révèle une fois de plus éblouissant dans Désigné Coupable en interprétant Mohamedou Ould Slahi.


Tahar Rahim incarne avec, sensibilité et humanité, le coupable incarcéré, au sein des murs métalliques de la prison la plus surveillée des Etats-Unis, subissant des actes de sauvagerie et de cruauté.

Bilan et avis

Désigné Coupable est un reflet politico-social terrifiant de cruauté et de peur. Le long-métrage parvient à étaler son casting de pointe et son propos sur une partie d’Histoire des plus sombres. Ainsi, Désigné Coupable plonge les spectateurs dans l’impitoyable enfer de Guantánamo. Ce film est une œuvre rare par sa sensibilité, son impact frappant les institutions américaines et en montrant que l’American Dream est sans doute mort dans une cellule de Guantánamo, mais que même dans cet enfer un rayon de soleil peut se glisser, celui d’un droit à un procès.

Je recommande ce film pour sa sensibilité et le combat des droits de l'Homme. Note : 04/05.

Texte : Julien