"Taxi 5" rate son virage

Vingt ans après l’opus réalisé par Gérard Pirès, Taxi 5 tente de souffler un vent de fraîcheur sur la saga phocéenne avec une équipe d’acteurs renouvelée. Mais, il a bien du mal à passer la seconde.

 

« Alerte générale ! » La célèbre Peugeot 406 blanche est de retour sur le Vieux-Port. Après les Allemands, les Yakuzas, les Chinois déguisés en pères Noël ou les Belges, gare en 2018 au « gang des Italiens » qui terrorise les bijouteries de Marseille. Avec de puissantes Ferrari, les « Ritals » s'apprêtent à voler un gros diamant destiné au MUCEM. En face, une équipe inédite composée du pire chauffeur VTC de Marseille (Malik Bentalha) et d'un superflic parisien connu pour ses talents de pilote (Franck Gastambide, aussi réalisateur) muté dans le Sud contre son gré. Ainsi ressuscite la saga Taxi, orpheline depuis onze ans. Que vaut ce film « Taxi 5 » ?

 

 

 

GAGS HUMOUR NIVEAU MATERNELLE

 

Ce n'est pas désagréable à regarder, c'est plutôt drôle et bien joué et le film est assez divertissant pour ne pas être ennuyant. C'est une bonne comédie où on peut y (sou)rire volontiers, avec les facéties de Malika Bentalha, mais malgré cela, le film laisse un souvenir mitigé tout simplement car ce n'est pas un film Taxi : il n'y a ni enquête policière, ni rebondissements et le taxi n'est pas au centre de l'histoire, et c'est assez problématique de se retrouver face à cette absence d'éléments qui ont tant caractérisé la saga. On assiste donc à un déferlement d'humour. Épaulée par une fatigante galerie de stéréotypes, composée pêle-mêle d’un nain dragueur, d’une obèse nymphomane ou d’un déficient mental, son personnage est le seul à agir normalement. Gastambide en remet d’ailleurs une couche en nous gratifiant avec des scènes scatologiques assez gênantes. « Franck Gastambide compte plus sur l'humour potache et scatologique que sur l'action. On n'est pas loin de la panne sèche », confirme La Voix du Nord.

 

 

 

DES SCÈNES D'ACTION MÉDIOCRES

 

Lorsque l'on va voir un film Taxi, ce n'est ni pour l'élaboration du scénario ni pour l'élégance de l'humour : on y va en grande partie pour y voir de belles cascades et des scènes d'action impressionnantes... mais même ça le film ne réussit pas : un comble pour un film d'action ! Le taxi est rangé sur le côté au profit de l'humour : seules trois scènes se font à bord du taxi. Il faut noter que deux de ces scènes ne se déroulent pas à Marseille alors que la cité marseillaise est censée être la ville phare de l'intrigue. Le film multiplie les cameos (Soprano, Rene Maleville, Bengous), ceux-ci servent uniquement pour la promotion du film. D’ailleurs, dans la bande-annonce, nous pouvons voir Soprano apparaître quelques secondes. On ne peut être contre le fait que Gastambide, réalisateur du film, veuille faire quelque chose de nouveau et de se différencier des films précédents, mais le problème c'est qu'il ne semble jamais assumer ce qu'il fait en balançant assez grossièrement trop de références. Il en fallait pour que le film puisse exister mais on assiste là à un déferlement d'hommages, ce qui peut souligner la capacité d'imagination.

 

 

 

HOMMAGE HONNÊTE OU MANQUE D'INSPIRATION ?

 

Pendant la première partie, nous pouvons voir le film comme un hommage honnête. En effet, nous revoyons avec plaisir certaines personnages phares de la saga comme l'incommensurable commissaire Gilbert, toujours fidèle au poste malgré un rôle plus minime cette fois-ci, ou encore un personnage moins connu mais également sympathique : Alain Trésor. Le problème c'est que le film ne semble jamais se détacher du passé : plus il avançait et plus il enchaînait les « références » presque gratuitement, jusqu'à même montrer des scènes entières de la saga, reprendre jusqu'à la moindre petite blague, la moindre cascade ou encore même modéliser les premiers taxis des deux premiers films de la saga en miniature. Bien qu’il y ait ces références, ce film nous ne fait pas oublier Daniel (Samy Naceri) et Émilien (Frédéric Diefenthal), les personnages forts de la saga Taxi.

 

 

Franck Gastambide a bien du mal à insuffler sa touche potache à une saga qui manquait déjà de souffle. L’humour et les clichés ressassés empêchent le film de décoller malgré les plaisanteries de Malik Bentalha. Le manque d’ambition des scènes de cascade, moments emblématiques de la série, ne permettent jamais de racheter l’ensemble. La ville de Marseille méritait mieux, les spectateurs aussi.

NOTE : 2,5/5

 

Juju Mar